Dans une société où le vieillissement est une réalité incontournable, les aidants familiaux, ces collaborateurs qui s’occupent d’un proche en perte d’autonomie, malade ou en situation de handicap représentent une part croissante de la population active. Aujourd’hui, soutenir ces salariés aidants n’est plus une option pour les entreprises, mais une responsabilité sociale et un levier majeur de leur politique RH. Allier Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), Qualité de Vie au Travail (QVT) et santé au travail permet de poser un cadre où l’accompagnement des aidants devient un pilier stratégique.
Comprendre les enjeux sociaux et humains
Environ 19% des actifs jouent un rôle d’aidant, une fonction qui s’ajoute à leurs responsabilités professionnelles. Le poids émotionnel, physique et logistique de cette double charge est très souvent source de stress, de fatigue, et de difficultés à concilier vie professionnelle et personnelle, ce qui se traduit parfois par une baisse de productivité, des absences ou même des situations d’épuisement. Pourtant, près de 75% des salariés aidants ne confient pas leur situation à leur employeur, par peur d’être stigmatisés ou pénalisés. Ce cloisonnement empêche l’accès aux dispositifs d’aide et freine les initiatives d’accompagnement.
De ce fait, la mise en place d’une politique adaptée en faveur des aidants s’impose pour répondre aux besoins spécifiques identifiés : flexibilité des horaires, appels à la solidarité interne, sensibilisation des équipes et surtout respect de la confidentialité.
Un axe central pour la politique RSE et la QVT en entreprise
La RSE des entreprises ne peut plus ignorer l’accompagnement des aidants qui incarnent une dimension sociale d’autant plus sensible que la santé et le bien-être au travail sont des axes fondamentaux de la QVT. Cette dernière, qui vise le bien-être global, la prévention des risques psychosociaux et l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, se trouve naturellement renforcée par une politique dédiée aux aidants
Ce lien entre RSE et QVT se manifeste par des actions concrètes comme la mise en place du télétravail, l’aménagement du temps de travail, des lignes d’écoute dédiées ou des groupes de parole. C’est aussi dans la sensibilisation des managers que réside une part importante de la réussite, car ils sont en première ligne pour repérer les situations et ajuster les conditions de travail avec bienveillance
Santé des aidants et prévention des risques
La santé physique et mentale des aidants est souvent fragilisée par la charge cumulée de l’emploi du temps, du stress et du manque de temps pour eux-mêmes. L’épuisement professionnel peut rapidement s’installer sans des mesures adaptées de soutien. C’est pourquoi la politique RH doit intégrer des dispositifs de prévention comme des consultations avec la médecine du travail, des accompagnements psychologiques ou encore des formations pour apprendre à gérer son stress et ses émotions
Valoriser les compétences acquises dans le rôle d’aidant est également un levier important pour renforcer l’estime de soi des salariés concernés, souvent porteurs de qualités humaines fortes (empathie, organisation, gestion du stress) transférables à leur poste professionnel.
Élaborer une politique RH claire et inclusive
Mettre en place une politique interne d’accompagnement des aidants exige une démarche structurée en plusieurs étapes. D’abord, il est indispensable, dans le respect total de la confidentialité, de réaliser un diagnostic précis des situations et besoins des salariés aidants via des enquêtes ou entretiens anonymes. Ce diagnostic permet de définir un plan d’action cohérent et adapté à la taille et aux spécificités de l’entreprise.
Ensuite, sont mobilisés les acteurs internes clefs — dirigeants, RH, managers, services sociaux, médecine du travail, communication — pour coordonner les actions, former les équipes et diffuser une culture d’entraide. La collaboration avec des ressources externes est aussi primordiale, notamment avec les associations d’aidants, les organismes publics et les caisses de retraite, pour faciliter l’accès à l’information, aux conseils et aux services
Les bonnes pratiques au service des aidants
Parmi les pratiques les plus efficaces qui gagnent du terrain dans les entreprises, on relève :
- La flexibilisation des horaires et le recours au télétravail pour permettre aux aidants de s’adapter aux aléas du quotidien.
- La création de congés spécifiques, comme le congé proche aidant, qui permet d’accompagner un proche sans perdre de revenus.
- Le déploiement de lignes d’écoute et de groupes de parole pour rompre l’isolement et offrir un espace confidentiel d’expression.
- La mise à disposition d’informations claires sur les droits, les aides existantes, et les démarches à effectuer.
- L’intégration de référents aidants, c’est-à-dire des personnes ressources au sein de l’entreprise chargées d’accompagner ces salariés.
- La sensibilisation continue des managers et collaborateurs pour créer un climat bienveillant et inclusif
Des bénéfices pour tous : salariés, entreprises et société
Les entreprises qui adoptent des politiques proactives d’accompagnement des aidants perçoivent rapidement des retombées positives : meilleure fidélisation des talents, amélioration du climat social, réduction de l’absentéisme et de la rotation du personnel, augmentation de l’engagement et de la motivation
Pour les salariés-aidants, ce soutien favorise un équilibre harmonieux entre leurs obligations personnelles et professionnelles, protège leur santé et leur bien-être, et valorise leur rôle social souvent invisible.
Au-delà, l’entreprise joue un rôle de premier plan dans la transformation sociétale en contribuant à une meilleure prise en compte du vieillissement et de la dépendance. Soutenir les aidants, c’est participer activement à la cohésion sociale et au maintien de la dignité des personnes âgées ou handicapées qui leur sont confiées.
En intégrant l’accompagnement des aidants dans sa politique RSE et QVT, une entreprise comme Mamie-Boom, qui œuvre pour le lien intergénérationnel et la lutte contre l’isolement des personnes âgées, démontre sa cohérence et son engagement dans une démarche profondément humaine. Cette attention portée aux aidants, souvent invisibles mais essentiels, est la promesse d’une politique RH durable, bienveillante et socialement responsable.